LIBERTÉ PLUS : bonjour monsieur Daniel
Daniel Mwana-Nteba : bonjour
LIBERTÉ PLUS : L’évangéliste Kabundi wa lessa qui est un pasteur connu ici à Kinshasa, voire en RDC, a déclaré dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux le 14 avril lors d’un culte dans son église que Félix Tshisekedi sera assassiné dans deux ans s’il ne faisait pas un effort pour venir le voir pour qu’il lui transmette le message de Dieu. Comment vous réagissez? parce que l’affaire risque de devenir une affaire d’état si l’on y prend pas garde!
Daniel Mwana-Nteba : Déjà, on parle de kabundi wa lessa le pasteur comme un homme de Dieu. Moi tout ce que je sais c’est que c’est un homme qui parle de Dieu. S’il est homme de Dieu, c’est encore à vérifier. Mais, je suis choqué par les propos du pasteur Walessa, non pas par la quintessence de ses propos mais plutôt par la manière dont il les a dit. Je crois que même Dieu ne peut se satisfaire de ce genre de comportement. Imaginons que Dieu soit responsable de la poste. Et qu’il remette une lettre à un postier afin que le postier aille délivrer la lettre. Si arrivé en cours de route, le postier ouvre l’enveloppe et commence à lire la lettre au vu et au du de tout le monde, commence à crier pour faire connaître aux gens la teneur de cette lettre, quelle serait la réaction des responsables de la poste. Je crois qu’un postier comme celui-là serait tout simplement viré. Dans cette histoire, il y a deux aspects. Le premier c’est l’aspect spirituel. Par rapport à l’aspect spirituel, il dépend exclusivement de ceux qui auront la foi. Quand je parle de ceux qui ont la foi, y compris Félix-Antoine Tshilombo Tshisekedi en tant que chrétien, de croire ou pas à ce genre de prophétie. Et, à ce titre-là, nous pouvons circonscrire ce problème en disant qu’il est libre de raconter ce qu’il veut, et surtout que nous sommes en démocratie. Donc, les pasteurs aussi ont la liberté de faire des prophéties vraies ou des prophéties supposées vraies.
LIBERTÉS : Quel est alors le deuxième aspect ?
Daniel Mwana-Nteba : Le deuxième aspect est sécuritaire. Et, dans cet aspect, ce que je retiens c’est que le pasteur Kabundi wa lessa parle de l’assassinat d’un Chef d’état, de l’assassinat du président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. Vous comprendrez que dans la première assertion, je parle de monsieur Félix-Antoine Tshisekedi en tant que chrétien. Dans le deuxième aspect sécuritaire, il parle de l’assassinat dans deux ans du président de la République. Dès le moment où on parle de l’assassinat du Président de la République, cela devient automatiquement une affaire sécuritaire qui touche aux services de renseignement, d’intelligences et de sécurité. Ces services sont dans l’obligation de se saisir de cette affaire et de chercher à en tirer la vraie nature. Les services doivent être à même de savoir s’il s’agit réellement d’une prophétie ou bien s’il s’agit d’un complot qui est en train de se tramer pour assassiner le président de la République dans deux ans, ou avant ou après et savoir si ces propos n’ont pas pour objet de banaliser l’affaire et de préparer mentalement la population ainsi que l’opinion à un probable assassinat. Je suis vraiment désolé de le dire ainsi. Mais, c’est la vérité! En quoi pouvons-nous être rassurés qu’il s’agit tout simplement d’une prophétie. Je crois que pour ce faire, il faudrait que Dieu nous éclaire et que Dieu éclaire également les responsables des services de sécurité afin de leur faire comprendre qu’il s’agissait d’une prophétie. Mais tant que cet éclairage divin n’aura pas eu lieu, les services de sécurité devront faire leur travail qui consiste à démanteler les réseaux organisés pour tenter d’attenter à la vie du Chef de l’État.
L’autre aspect important est que dans cette prophétie, on parle de deux ans. Moi ça me ramène aux deux années qui étaient prévues dans l’accord de Genève pour être au pouvoir. L’accord de Genève parlais justement d’un mandat de deux ans après lesquels de nouvelles éléctions devront être organisées. Vous comprendrez donc que si le Chef de l’État est réellement assassiné dans deux ans, on retombe dans le cadre de l’accord de Genève. À ce titre-là, personne ne peut faire semblant de ne pas comprendre de quoi il s’agit. J’aime beaucoup le pasteur Kabundi wa lessa en tant qu’être humain, mais je crois que là, il a fauté. Et, lorsqu’on faute, il faut savoir dans quelle proportion fauter. Mais lui a fauté dans des propositions inimaginables. Et, je crois qu’au jour d’aujourd’hui, il est du devoir de tout congolais de rejeter cette prophétie. Pour ceux qui auraient des craintes quant à la vie du président de la République, je les rassurerais en disant que la bible nous dit que lorsqu’un danger est connu, il cesse d’être un danger. Maintenant que le danger est connu, nous prenons toutes les dispositions pour mettre les pasteurs de la trempe de Kabundi wa Lessa au chômage.
LIBERTÉ PLUS : Puisque vous évoquez cette histoire de deux ans de l’accord de Genève , est-ce que ça serait trop tôt d’affirmer qu’il existe une connivence entre le pasteur walessa et la coalition LAMUKA ?
Daniel Mwana-Nteba : Non, je n’irais pas jusqu’à imaginer qu’il puisse y avoir une connivence entre LAMUKA et le pasteur walessa par rapport aux propos tenus par le pasteur walessa. Parce que ça équivaudrait à dire que LAMUKA est de connivence avec walessa ou que LAMUKA serait de connivence avec qui que ce soit dans le but d’assassiner le président ! Je ne peux pas me permettre de faire une telle affirmation. Tout ce que je demande c’est que les services de renseignement fassent leur travail avec efficacité et qu’à ce titre-là nous puissions faire la différence entre le vrai et le faux. C’est ça que nous demandons. Mais, au stade actuel, je n’ai pas le droit d’orienter ma pensée dans ce sens.
LIBERTÉ PLUS : Daniel Mwana-Nteba, vous êtes aussi un homme de grande culture, quelle est votre réaction par rapport à l’incendie qui s’est déclaré à notre dame qui est un lieu touristique et historique dans le monde?
Daniel Mwana-Nteba : J’ai vraiment eu le cœur meurtri de voir partir en fumée cette cathédrale, notre dame de Paris, dont les différentes fictions qui tournaient autour d’elles ont bercé mon enfance, mon adolescence et même ma vie.
Contrairement à ce que je peux lire dans les réseaux sociaux, ce n’est de pas l’aliénation lorsqu’on dit être choqué par l’incendie de la cathédrale. Mais une fois de plus, il y a deux aspects.
Le premier aspect c’est l’aspect purement spirituel, c’est-à-dire que notre dame de Paris, haut lieu du catholicisme qui contient toute une page d’histoire.
Et l’autre aspect, notre dame de Paris, patrimoine culturel mondial. Lorsqu’on parle de notre dame de Paris, je ne peux pas m’empêcher de repenser à Victor Hugo, aux grands écrivains et poètes qui ont fait de notre dame de Paris le centre de certaines de leurs fictions. Lorsque je dis avoir le cœur meurtri ce n’est pas le premier aspect, l’aspect spirituel, je ne me sens pas trop concerné par ce haut lieu du catholicisme. C’est plutôt l’aspect culturel. Notre dame est une cathédrale qui date de plus de 1000 ans. C’est un patrimoine mondial, c’est-à-dire que tout le monde doit se sentir concerné et tout le monde doit se sentir propriétaire de cette cathédrale. Mais le plus grand aspect c’est l’aspect culturel. Cette œuvre d’art qui part en fumée, cette œuvre d’art qui a permis qu’on puisse retracer l’histoire de la France du Moyen-Âge, l’histoire de la France de l’époque contemporaine. Donc, c’est en termes de culture, en terme d’art que j’ai le cœur meurtri. Et, je crois que ça devrait être la réaction de tout le monde. Personne ne pourrait se satisfaire de voir partir en fumée une œuvre d’art de cet acabit qui détenait autant de souvenirs et tant d’histoire en elle-même.
LIBERTÉ PLUS : Mais certains statuts autour de cette cathédrale font croire à l’opinion publique que notre dame de Paris est aussi un lieu mystique et de l’occultisme. Est-ce vous partagez cet avis?
Daniel Mwana-Nteba : Non, pas du tout ! Du moins, on ne peut jamais savoir où réside la part de l’occultisme dans chaque religion. En ce qui me concerne, par rapport aux statuesdont vous parlez qui parsemaient le balcon de notre dame, ces statues on les appelle des gargouilles.
Et, les formes monstrueuses de ces gargouilles n’avaient qu’un seul but, selon les historiens et selon ceux qui ont posé ces gargouilles-là.
Vous remarquerez que toutes ces gargouilles se trouvent à l’extérieur de la cathédrale et regardent vers l’extérieur.
Selon les historiens, ces gargouilles ont été posées-là afin de rappeler aux chrétiens que le diable et ses démons parsèment le monde extérieur, occupent le monde extérieur. Et, c’était là qu’ils avaient trouvé l’idée d’appeler les chrétiens à venir prier dans l’église Notre-Dame où est censée se retrouver la lumière. Donc, ces gargouilles représentaient même une antithèse à la lumière qui habitait à l’intérieur de l’église. On a mis ces gargouilles pour faire comprendre que le diable est à l’extérieur mais il faudrait entrer à l’intérieur de l’église pour trouver la lumière, pour trouver Dieu. À ce titre-là, chacun a sa croyance, à chacun aussi de faire une évaluation quant à la part de l’occultisme qui pourrait transparaître ou apparaître dans l’église catholique et ses représentations. Une chose est sûre, en ce qui me concerne, ces gargouilles sont une œuvre d’art, ce sont des œuvres humaines taillées dans la pierre qui ont traversé aussi les siècles . À ce niveau-là, on peut dire aussi que c’étaient aussi un patrimoine culturel. Quant au choix de savoir la forme que doit avoir un patrimoine culturel, ce n’est pas à moi de le dire.
LIBERTÉ PLUS : Vous avez suivi de près le séjour du Chef de l’État Félix Tshisekedi à l’Est du pays. Qu’est-ce qu’on peut retirer de ce périple ?
Daniel Mwana-Nteba : effectivement, le chef de l’État a bouclé sa tournée dans l’Est du pays. Et, vous comprendrez que les endroits visités par le chef de l’État en dehors de Kalehe où il est allé pour rendre hommage aux victimes du récent naufrage et s’enquérir de la situation qui s’est réellement passée. En allant à Kalehe, il a posé un acte de compassion. C’est un signal fort pour la population qui comprends aujourd’hui qu’un président de la République n’est pas forcément un homme qu’on attend parler de loin et qui occupe son bureau au moment où son peuple est en train de périr. Le Chef de l’État a cassé ce mythe.
Pour ce qui est de Beni, Goma et consorts, là ces déplacements qui tendaient surtout à prendre les bonnes mesures afin de pacifier les territoires qui ont connu des nombreux cas d’assassinats, des viols…
Je crois que le voyage du chef de l’État dans l’Est était une très bonne chose. Les mesures adéquates ont été prises. Et, bientôt, vous entendrez parler d’un redéploiement d’hommes, en armements, en munitions afin que l’armée soit suffisamment équipée pour mettre un terme aux attaques de ces groupuscules rebelles qui endeuillent cette partie du pays. Et la finalité de la paix retrouvée à l’Est de la République sera que la monusco sera mise au chômage.
LIBERTÉ PLUS : Et, le Docteur Mukwege ?
Daniel Mwana-Nteba : Je parle de la monusco. La monusco sera mise au chômage.
LIBERTÉ PLUS : Au Sénégal, après l’abolition du sénat, le gouvernement vient de décider de la suppression du poste du premier ministre. Ce projet sera soumis au vote à l’Assemblée nationale avec une forte probabilité d’être adopté. Est-ce cette façon de faire la politique peut-elle inspirer la RDC ?
Daniel Mwana-Nteba : Déjà en ce qui concerne l’abolition du sénat, c’est une mesure pour laquelle je plaide. Avant même l’élection présidentielle, je ne cessais de plaider en faveur de l’abolition du sénat qui, à mon sens, n’a pas trop sa raison d’être par rapport aux dépenses engendrées pour l’entretien de cet outil totalement inutiles et qui se retrouve être un gouffre financier, alors que le chef de l’État a grandement besoin des recettes et des ressources financières pour subvenir aux besoins de la population. Pour ce qui est de l’abolition du poste du premier ministre, il faut dire que le Sénégal se retrouve dans un système Constitutionnel bien précis. Apparemment, ce n’est pas le cas de la RDC. Chacun innove comme il le peut. Je pense que ça ne serait pas la suppression du poste du premier ministre qui va entraîner le développement du Sénégal ou que ça soit le poste d’un premier ministre en RDC qui pourrait freiner le développement de la RDC. Tout dépendra de la volonté de chacun, tout dépendra de la capacité de chacun à faire le travail et œuvrer dans l’intérêt de la République.
LIBERTÉ PLUS : pouvez-vous affirmer que les négociations politiques FCC-CACH évoluent très bien et que bientôt, on aura un Gouvernement ?
Daniel Mwana-Nteba : Je n’affirme rien et je n’infirme rien du tout ! Tout ce que je sais est que nous aurons bientôt un Gouvernement. Comme le chef de l’État l’a promis,un Gouvernement sera connu dans les prochains jours et œuvrera dans l’intérêt des congolais.
LIBERTÉ PLUS : Merci beaucoup Daniel Mwana-Nteba
Daniel Mwana-Nteba : Merci beaucoup
Propos recueillis par Hervé Mulumba, avril 2019
Daniel Mwana-Nteba : » Nous prenons toutes les dispositions nécessaires pour mettre les pasteurs de la trempe de Kabundi wa Lessa au chômage »
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