« Manifeste pour la paix, la justice et la dignité en République Démocratique du Congo : Mettre fin au double-standard dans le traitement des tragédies, Se mobiliser fermement contre l’agression rwandaise, Reconnaitre la souveraineté de l’Etat congolais et dénoncer l’exploitation illégale des ressources naturelles de la R.D.C. »
TRENTE ANNEES D’AGRESSION DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO : UNE TRAGEDIE HUMANITAIRE INQUALIFIABLE OUBLIEE
Depuis 1996, la République Démocratique du Congo, particulièrement la partie est du pays, est le théâtre d’un conflit dévastateur, marqué par des violences massives, des massacres systématiques et une exploitation illégale des ressources. Une guerre qui a entraîné la plus grave tragédie humanitaire après celle de la deuxième guerre mondiale mais, malheureusement qualifiée de « guerre oubliée ».
Durant les trois séquences cette guerre horrible, l’histoire retient le registre macabre des massacres et violences de masse subis par les Congolaises et les Congolais : La première guerre du Congo (1996-1997) ;
La deuxième guerre du Congo (1998-2003) surnommée même « la guerre mondiale africaine » ;
Malgré la fin officielle de la guerre en 2003, les violences se poursuivent jusqu’aujourd’hui, avec une résurgence plus accentuée à partir de 2021.
Des groupes armés, soutenus spécialement par le Rwanda et sous la conduite ouverte de son armée comme l’atteste tous les rapports des experts des Nations-Unis depuis plus de dix ans, le Rwanda continue de semer la terreur. Les Congolais meurent, les puissances se taisent. Ou tout au moins, se contente de faire semblant de dénoncer.
Des massacres de masse, bien documentés, comme ceux de Beni (2014-2020), où plus de 6.000 civils ont été tués, ou de Kipupu (2022) illustrent l’entreprise d’horreur planifiée et exécutée par les agresseurs et vécue par les Congolais.
Déjà en 2005, le recensement macabre de l’ONG International Rescue Commity (IRC) établissait un minimum de 5,4 millions de morts civils. A ce jour, des indications crédibles établissent à plus de 16.000.000 de Congolais déjà massacrés ou morts de suite de causes directement liées à cette entreprise meurtrière, rigoureusement planifiée par le régime de Kigali.
Pour se faire une représentation mentale du drame, ce serait comme massacrer toute la population du Rwanda et plus. La démographie rwandaise étant de 14.000.000 d’habitants. Ou toute la population de la Belgique et plus : 11.000.000 habitants. Ce serait, pratiquement toute les populations d’Israël et de la Suisse réunis : 9.000.000 d’habitants pour Israël et 8.000.000 d’habitants pour la Suisse. Si non, toutes les populations réunies du Danemark (5.000.000), de la Finlande (5.000.000), de la Norvège (5.000.000), du Luxembourg (600.000) et de l’Islande (300.000).
Au-delà des morts, les rapports les plus crédibles, dont ceux des experts des Nations-Unies et du HCR, établissent à plus de 200.000 femmes et filles violées depuis 1998, près de 7 millions de personnes déplacés intérieur et réfugiés dans les pays voisins.
NOUS DENONÇONS :
L’indifférence et l’inaction coupable des puissances étatiques et des sociétés multinationales. Cette situation INDIGNE pour l’humanité et inacceptable pour les Congolais nous exige de dire notre ras-le-bol à travers le présent Manifeste Citoyen. Nous disons qu’il est temps que cette crise soit reconnue et que des actions concrètes, précises et efficaces soient prises, principalement par les Etats membres du Conseil de Sécurité des Nations-Unies, plus largement par les Etats membres de l’OTAN, du G20, de l’Union Européenne, ainsi que les BRICS+, pour mettre fin à cette souffrance aux fins de garantir justice et paix pour le peuple congolais.
Nous disons que la posture de tergiversations et des démis-actions équivaut de manière incontestable à une complicité passive, permettant la perpétuation des violences, de la violation du droit international positif, de l’insécurité et de l’instabilité dans le monde.
NOUS AFFIRMONS QUE :
Le prétexte de la sécurité préventive, de la légitimité de la lutte contre les anciens génocidaires et de la protection des tutsis comme une communauté minoritaire en RDC est une insulte aux millions des morts congolais, aux millions de femmes et de filles violes. Une honte extrême pour la communauté des Etats qui se revendiquent être civilisés.
Plus qu’une agression de la RDC, le bellicisme rwandais est une humiliation pure et simple de la communauté des Etats civilises. Un échec incontestable de la communauté internationale.
NOTRE RECOMMANDATION : UNE EXIGENCE URGENTE POUR L’ACTION
La communauté internationale, en particulier les États-Unis, l’Union Européenne, la Chine, la Russie, ainsi que tous les blocs géopolitiques (le G7, le G20, l’OTAN, les BRICS+), d’une part, et l’ensemble des Nations-Unies, d’autre part, doivent assumer leurs responsabilités pour mettre fin à cette tragédie. Une guerre trentenaire, oubliée, qui constitue aujourd’hui, plus qu’une simple crise sécuritaire pour la seule RDC, une menace à part entière à la sécurité mondiale.
Cinq axes d’action sont nécessaires pour donner une preuve tangible de la volonté des puissances à défendre les valeurs dont elles se réclament les garantes au sein de la Communauté internationale des Etats.
Les cinq axes sont :
L’imposition des sanctions exemplaires contre l’Etat rwandais :Imposer des sanctions ciblées contre les responsables rwandais impliqués dans l’agression et soutiens aux groupes armés. En ciblant l’intégralité de la chaine de commandement avec la même énergie et la même détermination que cela a été le cas en Ukraine et en Israël ;
Geler les avoirs des entreprises et des individus complices de l’exploitation illégale des ressources sur le territoire de la RDC et, par conséquent, coupable directs de la tragédie humanitaire innommable qui sévit au Congo depuis 30 ans.
L’opérationnalisation efficiente des mécanismes de transparence et de traçabilité des minerais :
Exiger des multinationales qu’elles prouvent l’origine légale des minerais achetés ;
Mettre en place des mécanismes internationaux pour surveiller et réguler le commerce des ressources naturelles de la RDC.
Le renforcement des moyens et de la mission de la MONUSCO :
Donner à la MONUSCO, en soutien aux Forces Armées de la RDC ainsi qu’aux forces d’autodéfense nationale, un mandat plus fort dans le processus de la réhabilitation de l’intégrité territoriale de la RDC. Cela implique, notamment, la protection des civils et le désarmement des groupes armés ;
Enquêter sur les violations des droits de l’homme et traduire les responsables en justice.
L’activation rigoureuse et urgente des mécanismes de la justice internationale :
Saisir la Cour Pénale Internationale (CPI) avec empressement, à l’image de l’attitude adopter en Ukraine et en Israël, pour enquêter sur les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis par toutes les forces militaires illégales, locales ou étrangères, opérant sur le territoire de la RDC ;
Soutenir les initiatives locales pour la justice transitionnelle et la réconciliation.
La manifestation effective de la solidarité internationale : Mettre fin au double standard dans la réponse aux crises mondiales ;
Accorder la même attention et les mêmes ressources à la crise en RDC qu’à d’autres conflits, comme c’est le cas en Ukraine.
Fait à Kinshasa, le 27 janvier 2025
Professeur-Dr. IYOKA OTANGELA-N’kumu Jean-Bedel
