Le conseil d’administration de la Caisse Générale d’Épargne du Congo (CADECO SA) a saisi le ministre du Portefeuille pour lui faire part de sa décision de retirer sa confiance à madame la Directrice Générale Juliette Mughole Mbambu. Dans cette correspondance adressée au patron du portefeuille de l’État, le conseil d’administration de la CADECO SA a exposé plusieurs griefs retenus à l’encontre de madame Mughole depuis sa prise de fonctions en 2022.
En premier lieu, le conseil accuse madame la DG de mettre en péril l’entreprise publique, déjà proche de la faillite, en raison de sa gestion opaque et calamiteuse, ainsi que de ses absences répétées aux différentes sessions consacrées à la présentation des états financiers.
Le conseil confirme qu’au cours de l’assemblée générale ordinaire du 28 février 2025, consacrée à l’adoption des états financiers de l’exercice 2023, il a rejeté lesdits états financiers lors du conseil d’administration du 26 février 2025.
Pas moins de 25 chefs d’accusation sont retenus à sa charge, notamment :
L’opinion sous réserve du commissaire aux comptes sur les états financiers de 2023 en raison de plusieurs écarts de montants dans les rubriques sans explications ;
Le refus d’exécuter les résolutions du conseil d’administration, notamment celles du 17 mars 2023 concernant la qualité des agents affectés au contrôle interne, alors que plusieurs d’entre eux ne disposaient pas des compétences requises et qu’aucun manuel de procédures n’était disponible pour guider ce contrôle interne ;
L’absence de réaction suite aux demandes du conseil, lors des sessions du 20 septembre, 10 et 16 octobre 2024, pour l’audit du manuel d’octroi de crédit afin d’éviter la mauvaise pratique d’octroi des crédits sans provision ;
Le non-respect des instructions du conseil d’administration du 25 octobre 2023, après les cambriolages des sièges de Mahagi, Aru et Kasindi, en omettant de renforcer la sécurité des agences concernées. Au lieu d’appliquer les recommandations du conseil, elle a signé un contrat avec la société de sécurité GRABEN sans approbation, alourdissant ainsi inutilement les charges d’exploitation ;
La prise unilatérale de décisions sans consultation préalable du conseil d’administration, comme constaté lors du conseil du 21 juin 2024.
Concernant les travaux du commissaire aux comptes, plusieurs anomalies ont été relevées :
Le financement des investissements avec des dettes à court terme issues des dépôts des clients, en violation des principes comptables ;
Des paiements effectués par la CADECO SA en faveur de la société MALCON à hauteur de 1.181.704.275 CDF (444.486,50 USD) qui ne figurent pas dans les informations financières ;
L’absence d’une balance âgée ??? des crédits, compromettant le suivi des prêts accordés aux tiers et l’absence de provisions pour couvrir les créances irrécupérables ;
Aucun suivi judiciaire des agents impliqués dans des détournements de fonds ;
Un écart injustifié de 4.108.096.221,20 CDF (1.562.602.228 USD) entre la balance générale des comptes et les états financiers relatifs aux rémunérations du personnel ;
L’absence de justification d’un écart de 1.125.371.543,92 CDF (428.059,14 USD) entre la balance générale et les états financiers de produits bancaires et autres ;
Le non-versement des charges de cotisations sociales pourtant comptabilisées.
D’autres observations du conseil d’administration comprennent :
L’absence d’explications de la direction générale sur un solde d’exploitation négatif de 6.003.840.274,40 CDF (2.283.689,085 USD) ;
Des promotions de personnel effectuées sans prévisions budgétaires ni approbation du conseil d’administration ;
L’absence des réunions de directions pour concilier les comptes ; ce qui a engendré des contradictions entre le directeur financier et d’autres directions ;
L’absence d’un rapport d’activités de la CADECO SA ;
Aucun rapport du département de contrôle interne soumis au conseil d’administration ;
Aucune charte d’audit interne ni de plan annuel d’audit approuvés par le conseil d’administration ;
L’absence du plan de trésorerie prévisionnelle et du plan d’action annuel de la direction générale, traduisant une gestion improvisée ;
La mise en œuvre unilatérale du logiciel Payservices pour la paie des agents, sans approbation du conseil ;
L’obstruction à l’implémentation des comités spécialisés du conseil d’administration, en violation de l’instruction n°17 de la Banque Centrale du Congo ;
Le non-respect des délais de suspension des agents en violation de la convention collective de la CADECO SA.
Face à ces multiples manquements, le conseil d’administration demande au ministre du Portefeuille de suspendre madame la directrice générale pour déviations fonctionnelles graves, compromettant la mission de gestion de cette entreprise publique.
LIBERTÉ PLUS
