HÔPITAL DU CINQUANTENAIRE : Le gouvernement doit éviter de jeter une ombre sur le climat des affaires et un précédent sur les investissements ( Dossier Spécial LIBERTÉ PLUS)

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Érigée en plein cœur de Kinshasa, l’Hôpital du cinquantenaire, un centre médical de haut standing, est aujourd’hui au coeur d’une vive polémique entre, d’une part, le gouvernement de la République démocratique du Congo, et d’autre part, le groupe Padiyath Health de l’homme d’affaires indien Hazib Rahman. Et, pour cause ?

Dans le cadre d’un partenariat public-privé, la gestion de ce centre médical a été confiée depuis 2013 à Padiyath Health, une entreprise suffisamment aguerrie dans la gestion des centres médicaux à travers le monde et ayant, en ce jour, plus de 40 centres sous sa direction dans plusieurs pays. Le contrat entre les deux partenaires prévoyait une gestion assurée par le groupe Padiyath Health jusqu’en 2038, soit 25 ans durant.

En date du 29 mars 2025, un article paru dans notre medias populaire Liberté Plus a fait état d’une démarche sournoise du gouvernement, à travers son ministre de la santé, destinée à rompre unilatéralement le contrat qui le liait avec l’entreprise Padiyath Health pour motif de mauvaise gestion.

Comme un coup de semonce, cet article a suscité un vif intérêt auprès de la population ayant exprimé bon nombre de préoccupations auxquelles nous avons bien voulu donner une suite. Il y a d’abord ici notre volonté ineffable de placer la vérité rien que la verite à la place publique, dès lors que ce partenariat fait partie du cheval de bataille du chef de l’État Félix Antoine tshisekedi d’engranger le plus d’hommes d’affaires et des entreprises privées sur notre territoire en vue de faire prospérer l’État, mais aussi créer de l’emploi pour les jeunes.

Dans cette perspective, Liberté Plus a eu avec le conseil de Padiyath Health un entretien à bâtons rompus où l’ensemble des préoccupations de nos lecteurs ont trouvé des réponses claires et edifiantes dont nous vous donnons ci-dessous la quintessence.
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Selon les termes du contrat, l’investissement pour la construction et la modernisation de l’hôpital devaient être entièrement supportées par le partenaire privé, l’État congolais n’ayant apporté aucun financement. En retour, le gestionnaire devait exploiter économiquement et financièrement l’hôpital pendant la durée convenue, soit 25 ans, afin d’amortir son investissement.

Mais, contre toute attente, le gouvernement s’est engagé à mettre prématurément un terme à ce contrat au mépris des clauses qui le régissent
et qui stipulent en son article 58, je le cite: »?? si la résiliation est le fait de l’autorité contractante, l’état, le gouvernement entendu, doit préalablement indemniser le partenaire privé ».

Dans sa présentation, la configuration actuelle de l’hôpital du cinquantenaire relève d’un investissement entièrement privé de Padiyath Health auquel l’état congolais n’a participé avec aucun rond. Il va de soi que le partenaire privé qui a consenti des sacrifices énormes pour valoriser cette institution puisse logiquement rentrer dans ses droits conformément aux clauses de leur contrat. Ne pas le faire, ne serait-ce pas là une seconde zairianisation ?

En évoquant la question de la souveraineté nationale pour récupérer l’hôpital, la loi sur le partenariat public-privé n’a pas prévu ce mode de résiliation unilatérale

Concernant la participation du docteur Hazib Raman au financement de la rébellion du M23, c’est à celui qui allègue les faits d’en donner la preuve. C’est une accusation gratuite qui n’a aucun fondement. Car, Hazib Raman est un homme qui gagne honnêtement sa vie depuis plusieurs années où il évolue dans les affaires. Il a plus de 40 hôpitaux dans le monde. Il n’a jamais participé à une activité politico-militaire même dans son pays; à fortiori dans un pays étranger ? Et quel serait son leitmotiv pour le faire ? Il n’évolue pas dans le secteur minier pour avoir intérêt à soutenir le m23. Nous nous trouvons donc en face des gens qui tiennent à ternir son image comme l’affirme ce dicton : »qui veut noyer son chien l’accuse de rage ».

En rapport à la question de la gratuité des soins évoquée par certains, celle-ci ne peut s’appliquer qu’aux structures hospitalières construites et financées ou sponsorisées par l’État; ce qui n’est pas le cas ici. L’Hôpital du Cinquantenaire fonctionne sur un modèle économique basé sur l’investissement privé auquel l’état n’a fourni que les infrastructures. Le partenaire privé a investi son argent pour moderniser l’ouvrage et l’exploiter pour un temps convenu, quitte à le restituer dans les meilleurs conditions. L’état ne commettrait-il pas un délit de détournement en reprenant ses installations avant que le partenaire privé n’ait récupéré ses droits dans le temps ? Comment affirmerions-nous devant d’autres investisseurs que le climat des affaires fonctionne bien lorsque le pays ne respecte pas les contrats ?

Enfin, au sujet de la lettre de l’IGF qui aurait inspecté et conseillé la résiliation du contrat au ministre de la santé, là encore demeure un quiproquo. L’IGF contrôle l’argent de l’État, mais ici il s’agit de l’argent d’un privé. Le contrat prévoyait une évaluation mixte à effectuer contradictoirement entre les deux parties, la RDC et le partenaire privé Padiyath Health. Durant les 5 premières années, il y a eu 5 contrôles mixtes auxquels étaient régulièrement associés l’IGF, la présidence de la République et tous les autres services impliqués et les résultats étaient satisfaisants. Tandis que le contrat stipule qu’après le contrôle des 5 premières années, un autre contrôle mixte interviendrait par quinquennat, soit 5 ans après et concernera la qualité technique des soins. Il a eu lieu en 2023 et a été jugé satisfaisant. Il est donc aberrant que l’IGF puisse se dédire avec un rapport contredisant celui approuvé par tous les services pour servir de prétexte au ministre. Or, s’il doit y avoir un autre rapport, c’est en 2028 qu’il aurait été fait.

Dès lors, la résiliation du contrat pose plus des problèmes qu’elle n’apporte des solutions. Car, cette question n’a pas été discuté en conseil des ministres jusqu’au 17 octobre 2024 où la décision de résilier le contrat a été prise; il n’y a jamais eu de conseil des ministres qui a traité de cette question.

En tout état de cause, si l’objectif de la réprobation était d’améliorer la gestion de l’hôpital, pourquoi n’était ce pas possible d’envisager une renégocciation des termes du contrat plutôt qu’une résiliation brutale ? se demande l’opinion. Cependant, notent certains observateurs, en prenant une telle option, le gouvernement se lance sur une piste semée d’embûches, aussi bien sur le plan juridique qu’économique. Car, saborder gratuitement un partenaire de la taille de Padiyath Health peut avoir d
es conséquences moins heureuses.

Fidel Songo/ LIBERTÉ PLUS

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