Venue répondre à une question avec débat adressée lors de la plénière à l’Assemblée nationale, le ministre de la Santé publique, Dr Roger Kamba, a été taillé en pièces par la députée nationale Bolumbe Hermione pour sa gestion opaque de la mise en œuvre de la politique relative à la gratuité de la maternité et à la prise en charge du nouveau-né en République démocratique du Congo.
Dans son intervention du haut de la tribune de la Chambre basse, l’élue du Mont Amba a exprimé sa déception face à l’incompétence du ministre Roger Kamba dans la mise en exécution de ce programme tant ambitieux, caressé par le président de la République. Une absence criante de politique de suivi et de mise en œuvre effective de ce programme, caractérisée à ce jour par des cas de décès en cascade enregistrés dans plusieurs établissements de santé publics.
« Au jour d’aujourd’hui, personne ne peut me contredire, le taux de mortalité est très élevé. Aujourd’hui, au 21e siècle, je trouve ça très anormal qu’une maman qui part pour donner naissance perde sa
propre vie. On doit se le dire, Monsieur le Ministre, il y a un souci. Il y a un médecin de l’ex-hôpital Maman Yemo qui a perdu sa fille pendant qu’elle accouchait. Il y a un député national ici même, qui a perdu sa femme lors de l’accouchement. On parle des enfants de médecins, des femmes de députés. Posons-nous la question sur le Congolais… », a déploré Hermione Bolumbe.
Un tableau sombre qui pousse cette élue de la circonscription de Mont-Amba à questionner le ministre de la Santé sur sa politique de gestion des hôpitaux publics dans le cadre de ce programme.
« Monsieur le Ministre, dites-nous, comment faites-vous le dispatching de votre paquet ? Expliquez-nous. Même à la clinique Ngaliema, il y a un souci : pas de scanner. Il y a certaines mamans qui viennent avec des malformations. Il n’y a pas de bon accouchement sans consultation prénatale normale. Je vous parle d’un résultat de l’enquête que j’ai menée sur le terrain. Les mamans arrivent à la consultation pendant le 8e mois, elles ne font aucune échographie. Je viens de la province de l’Équateur : même situation. À Kinshasa, si vous allez à la clinique Ngaliema, l’échographie est payante. Tous ces éléments, je vais les mettre à la disposition du bureau », a-t-elle promis.
Très révoltée, elle a par ailleurs exigé de Roger Kamba les données chiffrées de la situation de chaque établissement de santé concerné par la gratuité de la maternité.
« Aujourd’hui, l’Objectif de Développement Durable (ODD) à l’horizon 2030 est de moins de 100 décès pour 1 000 naissances vivantes. Excellence Monsieur le Ministre de la Santé publique, dites-nous : quel est le mécanisme mis en place pour éviter les décès lors de l’accouchement ? Donnez-nous les données chiffrées, car, la médecine est une science exacte », a martelé la députée nationale sous une pluie d’ovations.
L’intervention de la députée nationale Bolumbe a été déclarée la plus remarquable par ses camarades députés présents à cette plénière.
Il sied de noter qu’en date du mardi, 5 septembre 2023, le chef de l’État, Félix Antoine Tshisekedi, avait procédé au lancement officiel de la gratuité de la maternité et des soins du nouveau-né à Kinshasa, à l’hôpital militaire du camp Tshatshi.
Ce programme, qui s’inscrit dans le cadre du premier volet de la mise en œuvre de la Couverture Santé Universelle (CSU) en République démocratique du Congo, vise à garantir des soins et des services de santé de qualité et gratuits à toutes les femmes enceintes, à celles qui ont accouché, ainsi qu’aux nouveau-nés pendant leur premier mois de vie.
Cette gratuité concerne, entre autres, les consultations prénatales, l’échographie, les accouchements simples et compliqués (par césarienne), les soins du nouveau-né, la vaccination, les consultations postnatales, la planification familiale et l’accès aux médicaments.
MF / LIBERTÉ PLUS
