Neuf mois après son arrivée à la tête de l’Exécutif provincial de Kinshasa, le Gouverneur Daniel BUMBA LUBAKI multiplie les initiatives pour réorganiser l’administration provinciale en vue d’améliorer les conditions de vie des Kinois.
Entre les mesures de régulation du trafic routier, la lutte contre les constructions anarchiques et les opérations de salubrité, ses actions suscitent à la fois soutiens et rejets. Dans ce qui s’apparente à un dilemme, bon nombre de gens souhaitent le voir progresser dans ce nouvel élan pour restaurer « Kinshasa la belle d’antan », tandis que d’autres se focalisent dans les rumeurs et les supputations pour discréditer sa vision.
C’est dans ce contexte que le premier citoyen de la ville a accepté d’accorder, avec enthousiasme, une grande interview exclusive et historique ce mercredi 21 mai 2025 à votre média populaire LIBERTÉ PLUS, que nous avons l’honneur de vous livrer en intégralité ci-dessous:
LIBERTÉ PLUS : Monsieur le Gouverneur de la ville province, les mesures que vous avez prises pour réguler la circulation routière ont suscité un tollé général au sein de la population. Avez-vous un message particulier à adresser aux Kinois à travers LIBERTÉ PLUS en rapport avec cette situation ?
DANIEL BUMBA : Avant tout, je tiens à informer l’opinion que l’exécutif provincial de Kinshasa fonctionne selon un credo qui est le suivant : « pas d’inaction, pas d’immobilisme ». Donc, face aux grands défis que nous portons, pour solutionner tant de maux qui gangrènent la ville de Kinshasa, nous sommes appelés à produire des réflexions et à passer à l’action pour juguler tous ces maux. Il est inconcevable, voire inadmissible, d’observer dans la ville que nous gérons un problème qui ne fait qu’évoluer de manière exceptionnelle : celui des embouteillages.
Il était donc temps, après avoir mûri plusieurs réflexions, de passer à l’action par le biais de certaines mesures. Ces mesures visent à fluidifier la circulation routière à Kinshasa, car les embouteillages impactent la productivité de la ville, nuisent à son économie, affectent nos humeurs et rendent la ville désagréable.
Pour y parvenir, certaines mesures ont déjà été prises, d’autres sont en cours de préparation, ainsi que des mesures d’application qui y seront associées. L’idée est d’offrir aux Kinois de meilleures conditions de vie. Cela passe aussi par une amélioration de leur mobilité via la fluidification de la circulation.
Aujourd’hui à Kinshasa, hommage appuyé au Chef de l’État, Son Excellence Félix-Antoine TSHISEKEDI, nous avons reçu un accompagnement pour travailler sur la voirie de Kinshasa que nous avons trouvée dans un état de délabrement très avancé. Certaines artères sont aujourd’hui en chantier ; plusieurs sont déjà achevées, d’autres sont en voie de l’être. Parallèlement, une grande opération va être lancée pour réparer les nids-de-poule.
Face à cette voirie déficitaire, il fallait proposer des mesures afin l’utiliser rationnellement, afin de favoriser la mobilité. C’est pourquoi nous avons pris certaines mesures, notamment concernant les véhicules de livraison, les camions de plus de 20 tonnes et les remorques qui causent souvent des dégâts sur nos artères. Nous avons proposé que leur circulation se fasse entre 22 h et 5 h du matin. D’autres mesures viendront pour encadrer l’application de ces décisions.
LIBERTÉ PLUS : Donc, pour l’instant, les mesures que nous avons vues sur les réseaux sociaux, concernant les plaques paires et impaires ne sont pas encore en application ?
DANIEL BUMBA : Non, cette mesure n’est pas encore en application. Elle est encore à l’étude. Nous pensons qu’il est inconcevable de laisser des gens passer des heures et des heures dans leurs véhicules.
Comme je l’ai dit tantôt, l’inaction, c’est ce que nous ne voulons pas. L’immobilisme, c’est ce que nous refusons. Nous allons donc tester plusieurs approches pour solutionner à court terme la question des embouteillages, en attendant la finalisation des travaux routiers et d’autres mesures favorisant la fluidité.
LIBERTÉ PLUS : Deux autres opérations ont été lancées. Il s’agit de « Balabala eza Wenze te » et une autre sur la démolition des constructions anarchiques. À quoi vous vous attendez en prenant ces initiatives? Quelles sont les mesures que vous avez prises pour ne pas échouer, comme ce fut le cas de vos prédécesseurs, dont les actions n’ont pas abouti aux résultats escomptés ?
DANIEL BUMBA : Il faut d’abord savoir quels résultats les autres visaient, et quels sont les résultats que nous poursuivons. Concernant les démolitions, on observe dans la ville de Kinshasa une urbanisation sauvage. Cela est à l’origine de plusieurs calamités que nous vivons. J’ai donc lancé une campagne de retour à la norme.
Nous pensons que c’est l’absence de norme qui a conduit à ces calamités. Ces démolitions visent à libérer les berges et lits des rivières occupés illégalement. Il y a un autre débat qui est apparu : certains disent que c’est l’État qui a délivré les titres. Mais, si nous revenons à l’essentiel, certains sites sont classés non aedificandi, donc inconstructibles. Lorsque les lits des rivières sont rétrécis, à chaque pluie importante, il y a des inondations et des pertes en vies humaines.
En tant que responsables, nous avons jugé nécessaire d’y mettre fin. Le Conseil des ministres a mis en place une commission chargée d’identifier les sites non aedificandi. La mission de démolition revient à la ville de Kinshasa, et nous exécutons cette tâche.
Quant à l’opération, « Balabala eza wenze te » s’inscrit dans le cadre de la campagne pour le respect des normes en milieu urbain. Il est inadmissible qu’on transforme nos rues en marchés, sous prétexte quelconque. Car, cela engendre plus d’insalubrité et d’insécurité. Nos mamans qui vendent au bord des routes sont exposées aux accidents. L’exemple de Matadi-Kibala est éloquent : des câbles électriques sont tombés sur une zone à haut risque, causant plusieurs pertes humaines. Vendre est une bonne chose, mais cela doit se faire dans des endroits appropriés.
Les marchés existent. Ceux qui ne trouvent pas de place peuvent s’organiser autrement. Vendre dans les rues, c’est générer du désordre, et cela est inadmissible. Il y a des routes en construction : à peine le béton coulé, certains viennent déjà vendre sur place. C’est intolérable.
Kinshasa doit retrouver sa dignité. Vendre partout, c’est du désordre. D’autres pays, parfois plus pauvres que nous, respectent les normes. Nous voulons des débrouillards, oui, mais qui agissent dans le respect. Balabala eza wenze te : nos routes ne sont pas des marchés.
Liberté PLUS : Certains vous comparent à votre prédécesseur Gentiny Ngobila. Vous n’avez que 9 mois, lui a dirigé pendant 5 ans. Il est difficile d’établir un bilan, mais certains estiment qu’il y a un décalage entre vous.
Gouverneur Daniel Bumba : Non, non. Je pense que Kinshasa est une ville appelée à vivre des millions d’années, même après nous. Et nous sommes venus, par la grâce de Dieu, pour apporter des solutions selon le programme que nous avons proposé. Ce qui s’est passé, c’est du passé. Nous avons nos propres défis, et nous sommes concentrés sur eux. C’est cela le plus important pour nous.
Liberté Plus : Merci, Gouverneur.
Gouverneur Daniel Bumba : Merci.
@LIBERTÉ PLUS, MAI 2025


