L’honorable Augustin Kabuya, président ad intérim et Secrétaire général de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), est monté au créneau pour dénoncer une série de crimes financiers commis par le régime Kabila en 18 ans de pouvoir. Au cours de sa dernière sortie médiatique, à l’occasion de la causerie morale qu’il a animée le dimanche, 25 mai dernier au siège du parti à Limete, le Mwana Bute du Chef de l’État a peint un tableau sombre qui lève le voile sur un scandale financier d’une ampleur inédite du régime de Joseph Kabila, président de la République de 2001 à 2019. Chiffres à l’appui, le SG Kabuya a égrené une série de projets publics dont les financements, souvent colossaux, ont été soit détournés, soit jamais matérialisés sur terrain. Des milliards évaporés, des infrastructures invisibles, c’était, selon lui, un véritable chaos.
Selon le chef du parti au pouvoir, plus de 30 milliards de dollars issus du fameux contrat chinois censés soutenir le développement des infrastructures nationales ont disparu dans les méandres de la corruption. Le tableau dressé est glaçant : des centaines de millions de dollars affectés à la réforme de la police, à la construction des stades, d’aéroports, de routes ou encore à l’achat de drones, d’armes et de satellites, tous restés lettre morte ou exécutés de manière douteuse.
À titre d’exemple, 786 millions de dollars pour la réforme de la police, 145 millions pour des projets au Kasaï-Central, 350 millions pour moderniser l’aéroport de Ndjili, 780 millions pour le barrage hydroélectrique de Katende, 440 millions pour celui de Kakobola, ou encore 2,8 milliards pour l’achat d’armes… Tous ces montants, selon lui, auraient été détournés, bouffés, absorbés par un système mafieux institutionnalisé.
Des provinces laissées pour compte
Le secrétaire général Augustin Kabuya cite également le cas de la province du Sankuru, qui était alignée pour bénéficier 256 millions de dollars ainsi que la ville de Lubumbashi où des projets routiers, jamais exécutés, malgré les 589 millions de dollars y affectés. Même les étudiants, les sinistrés ou les enseignants, selon Augustin Kabuya, n’ont pas été épargnés. À l’en croire, 149 millions de dollars prévus à l’époque pour la gratuité de l’enseignement dans trois provinces pilotes, dont Kinshasa, ont pris une destination inconnue. Résultat : le peuple n’a vu ni les infrastructures ni les services promis.
Kabila ou un régime de prédation…
Derrière ces chiffres, le SG Kabuya dénonce une architecture bien huilée de prédation d’État, où des sommes astronomiques ont été transférées dans des paradis fiscaux, notamment dans les îles Caraïbes et au Panama, pour un blanchiment d’argent. Il évoque aussi les 2 milliards de redevances minières du Katanga qui n’ont jamais été reversées dans les caisses publiques.
Kabila pointé du doigt
« Kabila n’est pas le mieux placé pour nous donner des leçons », a martelé Kabuya, accusant sans ambages l’ancien chef de l’État d’avoir été le premier responsable de l’assassinat politique et moral de Laurent-Désiré Kabila, son propre père. Une déclaration choc qui en dit long sur la rupture entre les héritiers de l’idéologie de la révolution et les gestionnaires du passé.
FS/ LIBERTÉ PLUS



































