Rebondissement dans le dossier Bingi-Bingi : La commission mise en place par le Ministre Provincial de l’Intérieur pour traiter le litige coutumier présente de profondes zones d’ombre compromettant le sérieux dans sa démarche

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Pour régulariser la procédure administrative après les instructions fermes du Gouverneur de la ville en rapport avec la situation qui prévaut au village Bingi-Bingi, le Ministère Provincial de l’Intérieur, Sécurité, Justice et Affaires Coutumières de la ville-province de Kinshasa, Thierry Tshitenga Kabuya a officiellement adressé une correspondance au Bourgmestre de la N’sele, l’honorable Franck Mbo Nzolameso, ayant pour objet « la suspension de l’installation du chef de village Bingi-Bingi ».

Dans la même lettre datée du 04 juin 2025, il invite le Bourgmestre de la N’sele à se présenter dans son cabinet ce vendredi pour, écrit-il, les dispositions à prendre en vue du règlement du litige qui touche cette entité coutumière. Ce qui est une bonne chose. Car, il pourrait avoir beaucoup plus d’éléments sur la situation de Bingi-Bingi afin d’éviter de décider unilatéralement, comme il en a fait précédemment, en exerçant une pression pour l’installation forcée de Platini Mwele Munzele, concomitamment à une démarche paradoxale initiée par l’administration Gentiny Ngobila, ancien Gouverneur.

Mais là où le bât blesse, c’est lorsque le Ministre provincial signe en même temps un autre document intitulé « ORDRE DE MISSION » reprenant certaines personnalités à qui il a confié la mission de traiter le dossier susmentionné.

Pour plus d’un observateur, le ministre Thierry Tshitenga Kabuya a agi par précipitation, car, dès lors que le Gouverneur lui a intimé l’ordre de surseoir à sa décision de pousser le Bourgmestre Franck Mbo à installer Platini Mwele Munzele, à cause, notamment des tensions sécuritaires persistantes, il devait, en principe, prendre son temps afin de recueillir les informations nécessaires sur les exigences des pratiques coutumières chez les Teke, en général, et plus particulièrement chez les habitants de Bingi-Bingi, afin d’éviter de se lancer dans une course poursuite susceptible de compromettre son sérieux dans ce dossier.

Contre toute attente, la commission du ministre reprend les députés provinciaux David Matadi Kibala et Donatien Mbama, supposés avoir abandonné leurs casquettes de chefs de groupement après leur cooptation. Jouissant des mêmes droits et devoirs que d’autres élus, comment les deux députés provinciaux précités peuvent-ils recevoir des ordres venant d’un membre du gouvernement provincial ? Cette question vaut son pesant d’or dès lors que nous savons tous que le député provincial est préséant par rapport à un membre du gouvernement.

Un autre fait inquiétant est de voir le ministre aligner plusieurs membres de son cabinet dans ladite commission, alors que ces derniers ont été incapables de résoudre le litige. N’eût été l’intervention du Gouverneur, l’Est de la capitale allait sombrer dans une crise sécuritaire sans précédent.

Par ailleurs, il sied de savoir pourquoi le Chef du groupement Kingakati a-t-il été écarté dans la mise en place de cette commission, alors que le village Bingi-Bingi dépend de ce regroupement ?

En outre, l’objet de la mission pose énormément problème. Tantôt, il demande à l’équipe d’instituer la commission ad Hoc, tantôt il leur confie la mission de confronter les deux parties en conflit, leurs familles ainsi que leurs chefs des clans.

QUE FAIRE POUR TAIRE LE CONFLIT À BINGI-BINGI ?

Selon les prescrits, les us et coutumes du village bingi-bingi, Monsieur Platini Mwele Munzele n’est pas qualifié pour exercer le rôle de Chef coutumier. Néanmoins, il y a quatre ans, il exerçait l’intérim du Chef coutumier dans le village Bingi-Bingi, conformément à la volonté exprimée par la famille régnante, après le décès de celui qui était en place. En ces jours, la famille régnante ayant désigné Willy Mabiala Mukoko, de manière officielle comme Chef coutumier, en conformité à leurs us et coutumes, Platini Mwele Munzele a refusé d’obtempérer de céder son fauteuil. C’est ainsi que la crise artificielle a débuté. Comme il y a une histoire de terre dans cette affaire, politiques, autorités politico-administratives et judiciaires se sont mêlées dans cette situation, exacerbant ainsi la crise, refusant délibérément de se conformer aux prescrits des familles de ce village.

Pour régler définitivement cette affaire du village BINGI-BINGI, la formule est simple : « saisir le Chef du Groupement Kingankati pour des éclaircissements nécessaires ». Au besoin, saisir la Commission consultative des règlements des conflits coutumiers (CCRCC).

Or, plusieurs sources établissent que les mandats des membres de la CCRCC sont dépassés. Dans ce cas, il faut prolonger la surséance jusqu’au renouvellement du CCRCC ou carrément laisser le Bourgmestre Franck Mbo Nzolameso traiter l’affaire en toute sagesse.

Pour corroborer nos propos, prière lire ci-dessous, l’extrait de la lettre du SG aux affaires coutumières du ministère de l’intérieur, Monsieur KALALA MAYIMALA Claude, en rapport avec cette fameuse crise.

« Je note pour la énième fois ce qui suit :

  1. Que Monsieur MWELLE MUNZELE PLATINI, dont la réhabilitation en tant que Chef Coutumier du Village Bingi-Bingi fait couler beaucoup d’encre et de salive, n’a jamais été désigné, conformément à la coutume locale ; mais plutôt, il s’est fait intérimaire pendant plusieurs mois après la mort de son grand frère MWELLE MUKUMBI Salomon.
  2. Que c’est Monsieur MABIALA MUKOKO Willy qui est le Chef Coutumier dudit village, désigné par la famille régnante, conformément à la coutume locale, intronisé par le Chef de Groupement de Kingankati (votre défunt prédécesseur) par Décision du Bourgmestre de la Commune de N’sele ; et ce, conformément aux dispositions de la circulaire organique n°01/001 du 28 mai 2010 portant fixation des normes de désignation des Chefs de Provinces, spécialement en son article 15, telle que modifiée par la Loi organique n°18/037 du 29 décembre 2018 et de la Loi n°15/015 du 25 août 2015 fixant le Statut des Chefs Coutumiers, spécialement en ses articles 1er, 14 et 17.
  3. Qu’à ce jour, il n’y a ni conflit, ni vacance à la tête dudit village.

Je saisis cette opportunité pour rappeler aux Autorités Provinciales de Kinshasa qui me lisent en copie, l’instruction de Son Excellence Monsieur le Vice-Premier Ministre, Ministre de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires Coutumières, contenue dans son Message Officiel n°25/CAB/VPM/MININTERSECADAC/SLR/MLN/166/2025 du 24 avril 2025 (Voir photocopie ci-jointe), interdisant toute interférence politicienne dans le choix des Animateurs des Entités Coutumières, si ce choix est l’apanage des familles régnantes. » Fin de citation.

Dossier à suivre…

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