RDC : « La Justice n’existe pas en RD Congo; il est impérieux de rendre justice à tout citoyen et pas seulement dans les dossiers phares et médiatisés» ( Me Auguystin Mulumba)

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Dans cette dernière partie de l’interview qu’il a accordée à LIBERTÉ PLUS, Me Auguystin Mulumba s’insurge contre la distribution de la justice à deux vitesses appliquée dans notre pays; l’une pour les nantis, l’autre pour les pauvres. Il parle également des raisons ayant milité pour la création de la CPI qui n’est pas une invention pour l’Afrique. Suivez plutôt.
LIBERTÉ PLUS : Que retenir du procès ayant abouti à la condamnation de certains responsables du SECOPE? Pensez-vous que notre justice est-elle dissuasive, passive ou plutôt complaisante ?
Me Auguystin Mulumba: J’aimerai être direct sur cette question. Cette justice n’existe même pas. Il faut la refonte de tout le système judiciaire et des réformes profondes et, parfois, déplaisantes aux acteurs judiciaires. C’est bon de condamner ces individus pour détournement des deniers et fonds publics étant donné que leur responsabilité pénale ainsi que l’imputabilité ont été établies. Mais il est mieux de rendre justice à tout citoyen et pas seulement dans les dossiers phares et médiatisés. Le caractère public de ces affaires rédonne un peu de confiance en ces magistrats mais les enquêtes profondes font état du dysfonctionnement volontaire et abusif de la justice. Les décisions sont vendues aux enchères même quand on a raison, les exécutions suspendues ou refusées parce qu’un supérieur a des intérêts dans le dossier, le Commissaire Provincial de la Police réclame des droits exorbitants pour exécuter une réquisition du ministère public pourtant son Chef et les pauvres justiciables abandonnés à leur triste sort. Je suis donc poussé à te poser la même question après cet état lamentable, y a-t-il réellement une justice au pays? Il y a des documents sur les états généraux de la justice au ministère de ce nom et donc des réformes consécutives à ces rapports doivent être entreprises et urgemment. Que des prises à partie contre des juges, des jugements iniques à telle enseigne que les spoliateurs des biens de l’Etat se font assister par des juges pour commettre des infractions, ces derniers leur accordant des jugements de spoliation. En définitive, il n’y a pas de justice devant ce tableau sombre. Les arrestations sont devenues le principe parce que le petit magistrat dans son bureau attendra une caution pour libérer le prévenu souvent innocent. On instruit qu’à charge parce qu’à 90%, il est vu par l’autre partie pour partager le fruit criminel de sa besogne, surtout lorsqu’il s’agit des dossiers immobiliers. Réformer ce système est aussi la mise en œuvre de l’Etat de droit. Si le pouvoir arrête le pouvoir, qui donc va arrêter cette race de citoyens qu’on appelle magistrat qui se croit tout permis?
LIBERTÉ PLUS : On a souvent dit que la CPI a été créée pour les africains. Aujourd’hui, on parle de l’acquittement de monsieur Gbagbo, ancien président de la côte d’Ivoire et de la confirmation par la Cour d’appel de la CPI à 30 ans de prison ferme du général déchu des fardc, monsieur Bosco N’tanganda. Êtes-vous de l’avis exprimé ci-haut ?
Réponse : La criminalité scandaleuse ayant choqué la conscience universelle a été à la base de la création de la CPI à travers le statut de Rome. Nous vivons l’âge où un seul individu peut être auteur d’assassinat et viol de plus d’un million de personnes. Ceci étant incompréhensible et quelques fois difficile pour les États de palier à ces situations, la CPI fut créée pour poursuivre ces grands délinquants par complémentarité ou subsidiarité avec les États membres. En vertu du principe de la légalité des crimes et peines, la CPI poursuit des crimes de sa compétence et donc, il ne faut pas confondre les choses lorsque les gens estiment qu’elle ne poursuit que les Africains. La plupart des crimes de sa compétence sont commis en Afrique et compréhensible que le procureur ait ses yeux fixés sur le Continent.

Quant à l‘acquittement de Gbagbo, je ne peux que m’en féliciter et soutenir une fois que la cour est indépendante et n’est pas instituée seulement pour les Africains. Ce digne fils de la Côte-D’ivoire défendait son pays contre une rébellion soutenue par l’impérialisme français et le procureur n’a pas pu prouver que les faits allégués furent commis par lui ni lui être imputés. Et, par conséquent, la Cour a prononcé son acquittement. Par contre, le délinquant à la nationalité usurpée a mérité d’être condamné à 30 ans de prison ferme. Cependant, mon regret est que la peine de mort n’est pas applicable de nos jours. Les rapports mapping décrivent les atrocités commises au Congo et ceux qui en sont auteurs, co-auteurs et complices, mais le bureau du procureur ne fait pas assez pour mettre en accusation de nombreux autres délinquants qui circulent encore dans le pays avec bonne escorte. Tout en soutenant ce que la Cour a fait en condamnant ce délinquant de Ntanganda, j’appelle le bureau du procureur à procéder à l’arrestation d’autres auteurs des crimes odieux à Kinshasa, dans le Kongo-Central, en Ituri à Beni, à Makobola, en Équateur et partout au Congo.
Suite et fin de l’interview.
LIBERTÉ PLUS

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